Chilly Willy
Résumé
Chilly Willy est un pingouin frileux, habitant un igloo doté d’un poêle, et nourrissant des aspirations parfois contradictoires : quitter les lattitudes polaires pour s’installer au soleil, en ville, ou les deux à la fois ; ou, au contraire, préserver sa tranquilité sur la banquise des entreprises humaines...
Commentaire
Ce personnage pratiquement inédit (en dehors du pingouin Pedro dans “Les trois Caballeros” de Disney, qui voulait naviguer vers le sud sur un morceau de banquise fondant d’heure en heure), principale star du studio Walter Lantz avec Woody Woodpecker dans les années 1950 et 1960, connut une première naissance en 1953 dans un film attribué par certaines sources à Alex Lovy, par d’autres à Paul Smith. Le succès n’étant pas au rendez-vous, il faut attendre 1955 et le retour de Tex Avery au studio pour que l’idée d’une série se concrétise. Avery avait été intervaliste puis animateur pour Walter Lantz sur la série Oswald entre 1930 et 1935; l’y retrouver vingt ans plus tard ressemblait fort à un retour du fils prodigue. Il s’empara du petit pingouin, lui donna un physique rondouillard et un air enfantin ménageant un contraste hillarant avec le degré de violence stylisée que Willy, en bon personnage de cartoon classique, était capable de manifester... Deux films, I’m cold et The Legend of Rockabye-Point, furent réalisés par le maître au cours de ce bref retour (Avery n’y tourna que trois films, les deux Chilly Willy et un court isolé, Sh-h-h-h-h, avant de retourner à la MGM). Ce fut également Tex Avery qui dota la série d’un premier personnage secondaire, le chien Smedley, adversaire occasionnant des courses-poursuites surréalistes, caractéristiques de son style débridé.
Après le départ d’Avery, Alex Lovy reprit le flambeau jusqu’en 1959; il réalisa probablement les deux films suivants d’après des notes et des story-boards laissés par Avery, dont l’humour reste reconnaissable. Après le départ de Lovy, l’influence d’Avery se fit moins évidente, et sous la direction de plusieurs des réalisateurs de la maison, dont Paul Smith, la série déclina doucement, mais ne s’éteignit qu’en 1972, à la fermeture du studio. La longévité de Chilly Willy est donc remarquable, mais la seconde décennie n’est que l’ombre de la première, sur laquelle planait encore l’ombre de Tex Avery, et ceci en dépit de l’adjonction d’un nouveau comparse, l’ours polaire Maxie, faire-valoir systématique de Willy dans les années 1960.
Au total, “Chilly Willy” aura été une série de second rang, malgré un succès durable. Sa pérénité est assurée par des reprises fréquentes à la télévision, en faisant encore aujourd’hui l’un des héros les plus connus du studio Walter Lantz.