Superman (1941)
Résumé
Dans l'immensité de l'univers, il existait une planète appellé Krypton. Cette planète brillait comme une étoile dans l'infini. Sa civilisation était très avancée, et engendra une race de supers hommes. Leur intelligence et leur force était tellement dévellopée qu'elle atteignait la perfection absolue. Mais vint le jour où des tremblements de terre allaient détruire Krypton... Les scientifiques qui la peuplaient avaient prévu le sort de la planète avant qu'elle n'explose. Ils placèrent alors un bébé dans une fusée et l'envoyèrent sur la Terre...
La fusée traversa l'espace sans encombre, atterissant sur la Terre avec son précieux fardeau, seul survivant de Krypton. Un automobiliste trouva l'enfant, il le prit et l'emmena dans un orphelinat. Les années passèrent, l'enfant grandit et découvrit qu'il possédait des pouvoirs et une force surnaturelle.
Plus rapide qu'une fusée, plus puissant qu'une locomotive, capable de sauter par dessus un gratte-ciel, l'enfant de Krypton était devenu l'Homme de fer : Superman !
Pour rester anonyme et afin d'utiliser ses fabuleux pouvoirs pour défendre la vérité et la justice, Superman avait pris l'apparence de Clark Kent, modeste reporter travaillant dans un grand journal...
Commentaire
Tel était le résumé fait par la narrateur au début du 1er épisode de Superman !
Le mythe de Superman commence dans les comics américains publiés dès 1938 sous le nom "d'Action Comics", dont les droits du personnage seront achetés 130 malheureux dollars, puis diffusés à partir de 1940 sous forme d'épisodes radiophoniques.
C'est en 1941, que le super héros rejoint l'écurie Fleischer où 17 épisodes seront réalisés pour le compte de la Paramount, avec des sommes approchant les 30.000$ par épisode (50.000$ pour le 1er épisode), tarifs énormes pour cette époque !
Ces épisodes, avant tout destinés au cinéma où ils étaient diffusés en 1ère partie, juste avant le film, ont connu un énorme succès aussi bien au niveau de la réalisation que des scénarios et restent même actuellement considérés comme un must de l'animation.
En 1966, la société de production Filmation (à qui l'ont doit certains grand titre comme Heckle et Jeckle, Les Croque Monstres, Les Maîtres de l'Univers, She Ra, Sport Billy, Waldo Kitty...) se lancera dans les séries d'animation pour la télévision en débutant avec "The New Adventures of Superman". Une nouvelle série d'animation par la Warner Bros sera produite en 1996 sur ce super héros, et on le verra également apparaître dans "la ligue des justiciers" en 2001 aux cotés d'autres super héros comme Flash, Wonder Woman...etc.
** complément par Ariodante **
Au début de 1940, la Paramount pressa le studio Fleischer de mettre en production un second long-métrage (“Mr Bug goes to town”), mais aussi, dans le domaine du court, de trouver un successeur à Betty Boop, personnage trop daté abandonné l’année précédente. Le rythme de production des “Popeye” avait décru pendant l’élaboration de “Gulliver”, le succès des courtes séries lancées immédiatement après (“Animated Antics”, “Gaby Color Classics” et “Stone Age Cartoons”, cette dernière anticipant brillamment sur les “Pierrafeu”) restait tout relatif; cependant, le studio était concentré sur deux splendides cartoons de deux bobines en technicolor, “Raggedy-Ann and Raggedy-Andy” et “The Raven”, promis à un insuccès commercial aussi décevant qu’injustifié. Aussi, quand l’état-major de la Paramount, alléché par le succès de la bande dessinée de Siegel et Shuster et l’insolent précédent créé par son adaptation sous forme de feuilleton radiophonique, demanda aux Fleischer s’il était possible de réaliser une série animée, Max répliqua qu’un tel projet dépasserait tout ce qui avait été fait précédemment. Convaincu que la compagnie refuserait, il avança la somme de 100.000 dollars par épisode qui, à sa grande surprise, fut acceptée. Les frères Fleischer furent donc contraints de s’exécuter ; non seulement ils mirent en oeuvre tous les moyens que ce budget énorme leur permettait, mais ils en tirèrent parti pour amener dans leur studio des exigences artistiques jusque-là inédites, ammorçant - sur le tard - la révolution qu’avait connue la maison Disney au moment de “Blanche-Neige”.
Contrairement à l’usage du studio, les animateurs n’eurent pas à improviser pour remplir - généralement de gags - les intervalles laissés libres par le scénario ; chaque intrigue fut travaillée avec une précision inconnue jusque-là, et la pratique du story-board (longtemps absente chez les Fleischer) permit une finesse de découpage inaccessible avec les anciennes méthodes du studio. Le niveau de précision et d’exigence des model-sheets atteignit un degré totalement inédit; des chartes graphiques furent proposées pour le moindre détail; le respect des volumes et des proportions put être porté à un haut degré de réalisme. Comme pour Gulliver, une attention toute particulière fut portée à l’utilisation des ressources du technicolor, notamment au cours de magnifiques scènes nocturnes, mettant en valeur les bleus profonds et les rouges pulpeux du procédé dans une débauche d’effets spéciaux. Les chartes de couleurs des personnages furent systématiquement proposés en deux niveaux de luminosité, haute et basse, et des recherches furent menées pour trouver des encres spéciales pour représenter la lumière, le feu ou encore le vol de Superman. Une grande variété de procédés graphiques, pinceau, plûme, aérographe, furent utilisés; luxe rare sur une série, des tests d’animation furent systématiquement effectués sur les crayonnés. La lumière était travaillée comme dans la peinture classique, avec des sources lumineuses soigneusement localisées. Pour réaliser les effets d’ombres et d’éclairages, pratiquement chaque plan devait subir des expositions multiples; les ombres étaient obtenues par une première exposition de la scène avec un diaphragme à moitié ouvert, puis par une seconde exposition dans les mêmes conditions, avec des tracés noirs figurant les zones à ombrer. Ces effets n’étaient pas nouveaux, mais ils furent multipliés à l’envi et dans des proportions inimaginables pour de simples cartoons d’une bobine.
Le défi majeur de la série fut de proposer une animation réaliste des personnages tout en assurant le rythme de production d’une série. Comme il était trop dispendieux d’utiliser systématiquement le rotoscope, l’accent fut mis sur une animation classique, mais le plus proche de la réalité possible. Pour ce faire, les Fleischer eurent recours à une réorganisation du studio afin de tirer profit de la complémentarité de leur personnel. Certains animateurs ne parvenant pas à fixer des mouvements réalistes furent secondés par des assistants chargés de corriger les défauts. Le rotoscope ne fut utilisé que pour les plans les plus difficiles (le spectateur attentif peut parfois les déceler), et la fluidité de l’ensemble s’avéra surprenante. Si le tout premier épisode montrait encore une hésitation entre le “stilo nuovo” ainsi créé et la tradition du cartoon (le savant fou reste à la limite de la caricature, et son oiseau apprivoisé, pour sa part, reste fidèle au style conventionnel), il ne subista par la suite que quelques concessions au clacissisme cartoonesque, dans l’animation des véhicules notamment - avions et trains continuent de se déformer dans des virages au rayon caricatural... Du reste, certains critiques avancèrent que la stabilité graphique des personnages était supérieure à l’original, et le public enthousiaste se persuada même qu’ils étaient mieux dessinés que dans le magazine “Action Comics”. Des cadrages vertigineux, un jeu permanent avec la profondeur de champ, et des décors grandioses mettant parfaitement en valeur l’architecture arts-déco et le design triomphant de l’époque contribuèrent à faire de “Superman” le cartoon le plus séduisant visuellement jamais réalisé.
Les intrigues devaient s’insérer dans les dix minutes de chaque épisode, et restaient somme toute simplistes: Superman y combattait un ennemi parfaitement identifié - pas d’enquête - dont il devait systématiquement sauver Loïs Lane, journaliste particulièrement téméraire, qui récoltait invariablement les lauriers à la suite de ses articles à sensation. Aux savants fous et brigands suréquipés des premiers épisodes s’ajoutèrent, vers la fin de la série, des japonais caricaturaux et animés d’une haine viscérale et raciste... les Etats-Unis venaient de rentrer en guerre! En dépit de ces scénarii sommaires, la série parvint brillamment à tenir le public en haleine; en effet, chaque épisode était une merveille de rythme conduisant à un paroxyxme aussi brillant qu’attendu, alors que chaque séquence initiale plantait le décor en quelques secondes avec une économie de moyens remarquable. Préparé par une série de bandes-annonces (une première pour une série de courts métrages), le public fit un accueil enthousiaste à la série qui lui fut présentée pour la première fois en Septembre 1941. Après son exploitation en salle, la série fut proposée plusieurs fois à la télévision. En France, c’est La Cinquième/Arte qui diffusa Superman dans les meilleures conditions, présentant les copies de la collection Lobster simultanément en français pour les émissions de jeunesse et en version originale aux côté d’une grande part du patrimoine du studio Fleischer dans l’excellente émission “Cartoon-Factory”.
Pour autant, l’éclatant succès de “Superman” ne permit pas au studio de se relever de l’échec commercial cuisant de “Mr Bug goes to town”; la Paramount désirait prendre totalement le contrôle de l’équipe, et pour ce faire, elle devait se débarrasser des Fleischer, artistes trop indépendants et assez indifférents aux considérations commerciales (Dave, le producteur de la famille, était finalement un assez mauvais homme d’affaire). La dégradation des rapports entre Dave et Max fut le prétexte d’une action à la limite de la légalité au cours de laquelle les Fleischer furent dépossédés de leur propre studio en Mai 1942. Promu au rang de réalisateur; Seymour Kneitel - qui devait s’illustrer en reprenant les “Popeye” - termina les épisodes encore en production en 1942-43.
Au total, la série, relativement brève - dix-sept films en 1941-42 et quelques autres après l’éviction des Fleischer - est un des joyaux de l’animation, et probablement le plus abouti - et le plus cher, quatre fois le prix d’un Popeye - de tous les cartoons court-métrages de l’ère classique.
Les 17 épisodes de Dave Fleischer sont actuellement disponibles en deux DVD (toutes zones), mais sans aucune restauration ni sous-titrage, aux éditions Delta-Music (222 Cray Avenue, Orpington, Kent BR5 3PZ, Grande Bretagne - www.deltamusic.co.uk).