Cap'taine Sabord appareille
Résumé
Le Cap'taine Sabord part en mer avec son mousse, son matelot et son chien. Bientôt, le bateau croise le chemin de nombreuses créatures étranges, mais ceci ne serait-il pas un rêve ?
Commentaire
Ce court métrage de 10 minutes réalisé par André Rigal entre 1942 et 1943 a une très complexe, non pas en tant que lui même, mais en tant que concurrent au Grand Prix Emile Cohl de 1942 et 1943.
Suite à l'armistice de 1940, la France est isolée politiquement et culturellement, ce qui place le secteur du dessin animé dans une jachère où tout est à déchiffrer. En effet, à cette date, un seul studio organisé existe, celui des Gémeaux, fondé par Paul Grimault et André Sarrut.
Le gouvernement de Vichy qui cherche à donner une nouvelle image de la France et à exploiter ce médium à des fins de propagande interne, va donc décider de créer une Ecole Française d'Animation, à même d'imposer un style français dans le domaine et de concurrencer les USA qui dominent alors le marché. A cette fin, le cinéma d'animation est rattaché au Ministère de l'Information et l'on crée un grand prix à même de dynamiser le secteur : Le prix Emile Cohl, du nom d'un des pionniers français du cinéma d'animation ([u]Les Pieds Nickelés[/u], 1917).
Cependant, si une dizaine de projets voit le jour, aucun n'est finalisé pour la remise du prix 1942, du coup celui ci n'est pas distribué. En 1943, on ajourne la remise du prix car une partie des films n'est pas terminée. Lors de la deuxième session, le jury décide une fois de plus de ne pas remettre le prix (car aucun film n'allie qualité technique ET "respect de la vision "vichyste" de ce que doit être le dessin animé français") mais accorde de mentions spéciales à [u]Calisto[/u] (pour son style nouveau) et à [u]L'épouvantail[/u] (pour sa qualité technique).
Les différents concurrents et les professionnels du cinéma rejettent cette décision et crée un prix concurrent : le Prix Emile Reynaud (du nom du fondateur du dessin animé en France : [u]Pauvre Pierrot[/u], 1892). Ils l'attribuent à l'unanimité à [u]L'épouvantail[/u].
Les journaux se déchaînent face à cette bisbille et Ciné-Mondial organise même un troisième classement pour lequel on demande à Pilou, un garçon de 7 ans de donner ses préférences. Le résultat est le suivant :
1e L’Epouvantail
2e L’Ile mystérieuse
3e Les Enfants du Ciel
4e Les Passagers de la Grande Ourse
5e Le Marchand de Notes
6e Cap’taine Sabord appareille
7e La Danse macabre.